Jacky Dubourg, éleveur et sapeur-pompier en Mayenne : « Mon objectif est de rendre service avant tout »
Sapeur-pompier volontaire et exploitant agricole en Mayenne, le caporal-chef Jacky Dubourg, jeune père de famille, porte, avec enthousiasme, plusieurs casquettes…
À 33 ans, Jacky Dubourg ne manque pas d’activité. Éleveur de porcs fermiers et sapeur-pompier volontaire (SPV) au centre de secours de Cossé-le-Vivien, en Mayenne, ce père de trois enfants âgés de 1 à 10 ans a un emploi du temps plutôt bien rempli, vous vous en doutez. Pourquoi cet engagement chez les « soldats de la vie » ? « En 2014, j’étais en contact avec un SPV peintre qui m’a proposé de rencontrer le chef de centre. Comme j’avais un peu de temps en journée à consacrer aux autres, j’y suis allé. C’est comme ça que j’ai découvert le fonctionnement d’une caserne. Et je me suis dit : pourquoi pas moi ? ».
Aussitôt dit, (presque) aussitôt fait. Et depuis ce temps, le centre d’incendie et de secours (CIS) peut compter sur lui. « Dans ce centre plutôt rural situé à 15 minutes de Laval, nous sommes une trentaine pour environ 400 interventions par an, essentiellement du secours aux personnes », explique-t-il. « Je suis SPV pour rendre service, pour permettre d’assurer les départs, notamment en journée, lorsque c’est le plus compliqué pour trouver du monde. C’est vraiment un choix personnel, je suis le premier de ma famille à m’être engagé. » Mais son engagement ne s’arrête pas là. « Depuis deux ans, le suis président de l’amicale du centre de secours. Là, nous allons relancer les activités après la période Covid. »
La particularité de « son » CIS ? « Chez nous, les anciens sapeurs-pompiers sont très présents. Ils viennent donner un coup de main lors des manifestations ou pour les tournées des calendriers par exemple. Ils assurent la transmission de nos valeurs aux nouveaux arrivants, c’est très important. L’ambiance est familiale, d’autant plus que l’on organise des moments de convivialité (Noël, pique-nique…). C’est simple, dans mon centre, le plus ancien a 86 ans, le plus jeune 16, et tout le monde se tutoie… »
Perpétuer la tradition familiale
Par ailleurs, depuis 2017, Jacky Dubourg perpétue une tradition familiale dans cette belle région de la Loire, en ayant repris l’exploitation agricole de ses parents, la ferme « De La Touche Guillet », à l’endroit même où il a grandi. Ça ressemble à un rêve d’enfance qu’il a pu réaliser après ses études, une licence de management des entreprises agricoles suivie d’un master I de commerce – qui lui sont très utiles d’après ses dires – et une période consacrée aux voyages. « Pour l’instant, mes parents sont salariés à mi-temps, en attendant leur départ à la retraite. J’emploie aussi un salarié à temps plein. En tout, nous gérons 180 truies qui mettent bas dehors. Les cochons sont ensuite élevés sur paille (élevage dit raisonné). Nous assurons la vente de produits de porc fermier de haute qualité », précise-t-il, ajoutant, songeur : « Ce n’est pas un métier facile, d’autant plus que l’on ne maîtrise pas les prix d’achat et de vente. Il y a des hauts et des bas, mais je reste optimiste en espérant mieux, tout comme mes collègues éleveurs. »
Pas facile de concilier son métier et son engagement… Comment y arrive-t-il ? « Je n’aurais pas pu le faire sans le bip. Je fais une semaine d’astreinte à domicile par mois. Le nouveau système de gestion du personnel me permet de me déclarer “disponible” pour certains créneaux, quand c’est jouable pour moi. Lors de moments familiaux spéciaux, comme l’anniversaire de l’un de mes enfants par exemple, j’ai la possibilité de me faire remplacer lorsque je suis d’astreinte. En fait, ma famille, très compréhensive, a pris le rythme en même temps que moi ! Et les épouses se connaissent et échangent entre elles. Il y a beaucoup de solidarité chez nous. »
Ses projets pour son avenir « pompier » ? « J’espère continuer encore longtemps, tant que je pourrai. J’aimerais augmenter mes compétences pour pouvoir assurer tout type de départ car nous disposons d’un véhicule toute utilité (VTU), d’un véhicule de secours et d’assistance aux victimes (VSAV), d’un camion-citerne rural (CCR), d’un véhicule léger (VL) et d’une embarcation. »
Depuis quand le sapeur-pompier volontaire éleveur adhère-t-il à « Terroirs Engagés » et qu’est-ce que cela lui apporte ?« J’adhère au dispositif “Terroirs Engagés“ depuis environ un an. J’ai d’ailleurs accroché mon certificat dans ma boutique à la ferme. Cette adhésion me permet d’entrer en contact avec d’autres SPV, partout en France, et d’en savoir plus sur d’autres types de métiers. En même temps, cela apporte une visibilité à mon entreprise dans le département. Ceux qui viennent à la ferme remarquent que j’ai une double activité et engagent souvent la conversation sur le sujet, ce qui permet des échanges plutôt intéressants et agréables. »
Texte : Pauline Catalan & Photos : DR